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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/131

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LETTRES 1881-1882

nouvelle s’en est répandue au milieu d’un bal à la cour et a fait du bruit. Un peu de cette petite trahison est retombé sur moi. Mais j’ai pris mes mesures et j’ai eu avec le secrétaire de l’Impératrice une petite conversation qui arrêtera net toutes les méfiances à mon égard.

Le cas de Pigeon est assez… singulier, mais je n’en dis pas davantage pour aujourd’hui. J’ai vaguement eu un écho d’un entrefilet sanglant de la Gazette officieuse de la cour, pour Pigeon — et je ne sais pas ce qui arrivera. Motus.

Je me tais.

J’ai été revoir ici les Vereschagin où j’avais flâné de si bonnes après-midi à Paris. Ici, c’est autrement bien installé. Éclairage électrique, derrière la cloison où s’appuie la grande toile du Prince de Galles, un orgue joue des choses lentes, éternelles et si tristes, qui m’ont bouleversé quand j’ai contemplé (vous vous rappelez ?) ce pope en noir et argent avec son encensoir devant la plaine des cadavres nus.

J’y ai rencontré M. Bernstein mardi dernier. J’ai enfin fait la connaissance de Mme Bernstein, qui lit les Souvenirs de Renan dans la Revue des Deux Mondes ; elle est bien aimable et m’a semblé devoir être spirituelle.