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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/198

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

Je rêve de la poésie qui ne dise rien, mais soit des bouts de rêverie sans suite. Quand on veut dire, exposer, démontrer quelque chose, il y a la prose.

Avez-vous lu les Aveux de Bourget ? Un livre de génie.

Votre pièce a un joli rythme :

Quand l’automne viendra détacher le pétale
Des roses du Bengale.

Pourquoi n’avez-vous pas mis : les pétales ?

Ne craignez jamais de faire rimer un mot pluriel avec un mot sans s. Moi, il y a longtemps que je ne me gêne plus. La rime est surtout, est exclusivement pour l’oreille.

Mais vous avez des vers adorables et tout à fait à vous, neufs.

Son corps, croissant d’argent de mes nuits d’insomnie.

C’est là une trouvaille.

C’est grâce à de pareils vers qu’on vous pardonne presque de faire rimer horizon et rayon, et ce vers rococo classique :

Et j’entremêlerai dans un hardi mélange