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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/202

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

vers est peut-être vrai. Mais un vol. de vers n’est pas de la copie. Et le publier c’est des ennuis. Le mieux serait de faire imprimer, mais pas mettre en vente.

Ici je ne travaille guère. Je fais des projets.

Je n’envoie de vers qu’à vous. C’est un grand plaisir d’être goûté dans ces petites machines. Comme un gâteux qui entend vanter une grisette sa maîtresse. J’ai fait une chose assez drôle qui s’appelle : les Montres, mais c’est encore plein de bavures. Je vous l’enverrai[1].

Je fais une Salomé qui n’a encore que quarante vers, ce qui vous distraira peut-être, sans doute[2].

Voilà le but des vers. On a des amis spleenétiques du même spleen que nous. On distrait son spleen en faisant de ces curieuses choses rimées qu’on appelle des poésies (quel vieux mot !) et on en distrait le spleen de ses amis. Ne pensez-vous pas comme moi ? Publier des vers est un reste de bourgeoisisme. Des livres d’art, non. Quelqu’un peut venir qui lira votre livre d’art et en tirera quelque

  1. Complainte des montres, qui parut posthumément dans les Entretiens politiques et littéraires, vol. V, octobre 1892, p. 31, et qu’on trouvera dans Poésies, t. I. Appendice.
  2. Il ne nous est rien parvenu de cette Salomé en vers. Laforgue reprit ce sujet d’autre manière, pour l’une des Moralités Légendaires.