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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/212

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

pleurer des larmes de la plus belle eau, sans littérature. On ne vit ici que des cancans qu’on colporte de rue en rue dans un assent (accent) abominable. Je mène une vie végétative, pas un vers, pas une ligne de prose, pas même la force d’observer ce que je vois, de noter ce que j’entends. Ah ! la vie de province !

Oui, il était écrit que nous ne nous verrions pas à mon dernier voyage à Paris. Quand nous nous reverrons, ce sera l’automne, Henry sera là, on allume la lampe dès cinq heures et l’on fait du feu.

L’averse bat ma vitre et le vent s’époumonne
À refleurir la bûche où mon ennui tisonne.
Oh ! l’automne, l’automne !

Ceci est de moi. Mon Dieu, oui.

À propos, quand écrirons-nous un roman en collaboration ?

Au revoir, poète subtil et prosateur vif ; écrivez-moi (Tarbes, rue Massey). Donnez-moi des nouvelles de Paris. Avertissez-moi quand Henry aura réintégré son domicile de la rue Berthollet.

Ce pays ne produit pas de vergiss-mein-nicht, aussi je me contente de vous insinuer : Ne m’oubliez pas.

Jules Laforgue.