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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/28

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

la joie de nous revoir, la joie d’échanger des lettres, etc.

Veux-tu qu’avec le mandat je t’envoie ma photographie ? Réponds-moi vite, vite, et ne t’ennuie pas, sois moins impressionnable, ne t’affecte pas tant des moindres choses ! Autrement je serais trop malheureux, je ne travaillerais plus ! Oh ! je veux travailler, travailler, me mettre dans mes meubles, avoir mon chez moi, aller à Tarbes, te voir, t’embrasser, te faire des misères.

Adieu, réponds-moi une longue lettre, un peu résignée.

Jules Laforgue.

Chère petite pauvresse, je vous envoie un timbre. Persuade à papa — car toi seule est capable de cette initiative d’amour filial — persuade-lui de voir un médecin, de s’astreindre à un régime, de revivre. C’est un excellent père, va, bien qu’il ait trop lu Jean-Jacques Rousseau[1].

Que puis-je t’envoyer comme souvenir cette fois-

  1. Il avait, par admiration pour Rousseau, donné le prénom d’Émile à son fils aîné et élevé tous ses enfants assez sévèrement. « Mon père, un dur par timidité », a dit plus tard Laforgue dans le premier poème des Fleurs de Bonne Volonté.