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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE
La fiancée de mes quatorze ans, en province, s’appelait Marguerite. Je lui faisais des vers d’une facture très audacieuse pour mon âge :
Marguerite ! si tu savais combien je t’aime !
Si vous croyez que je vais dire… C’est pourquoi je me tais et cherche autre chose. Quoi ?
Adde nunc vires viribus
Dulce balneum suavibus
Unguentatum odoribus[1].
Nil inveni melius quam credere Christo.
La pendule aux accents funèbres
Sonnait brutalement midi.
Et le ciel versait des ténèbres
Sur ce triste monde engourdi[2].
MON CŒUR, prière (suite)
Qu’il fasse tout pur, à travers l’azur,
Et, mordu d’un cilice,
Qu’il marche vers Vous, déchiré de tous,
Et brûle et resplendisse,
Au seuil des grands cieux, dans un radieux
Écroulement de roses,