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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/144

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LA RUE



LAllemand, même Berlinois, n’est pas flâneur. Mais comme la capitale grandit et embellit et que la rue offre, de plus en plus, des distractions, le personnage existe, plus ou moins. Seulement, il n’y a pas de mot allemand et le chroniqueur écrit : der flaneur von profession.

Les armes de Berlin sont un ours qui, dressé sur ses pattes de derrière, fait le beau.

Berlin a quarante mille maisons et n’en avait que la moitié, il y a vingt ans. Berlin a un métropolitain, un ciel en toile d’araignée de fils téléphoniques, l’éclairage à l’électricité assez répandu et, depuis un an, de petites halles remplaçant les puants marchés en pleine place publique.

Jamais d’encombrement, jamais un véhicule lancé trop vite. L’omnibus est tout à fait faubourien, l’ouvrier seul en use. Les tramways sont des joujoux, à toit bas, sans impériale. Le tramway est bien vu, les officiers en uniforme s’y