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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/150

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

On en prend une, qu’on déguste en se penchant sur le ruisseau pour ne pas se salir.

Les cafés restent ouverts toute la nuit.

La rue Frédéric débouche encore dans les Tilleuls par les Galeries de l’Empereur, une construction ultra prétentieuse et dorée. Ces galeries sont le vrai foyer de toute cette petite région. Un café viennois ; puis, tout le reste, magasins de toc et de simili, tout le bazar du mauvais goût sans le sou. Et dans le coin extrême, un marchand de photographies et de petites brochures. Ces brochures : Pour les hommes seulement : Guide de Berlin de nuit de six heures du soir à six heures du matin, indispensable à l’étranger, utile à l’indigène, intéressant pour tous ; le Demi-monde berlinois, etc.

Mais loin de ces lumières là-bas, lentement, se promène un fonctionnaire ; il a le sabre-baïonnette au côté, la casquette militaire, un trousseau de clefs : c’est le veilleur de nuit. Berlin n’a pas de concierges, ou bien ceux-ci n’ouvrent plus dès dix heures du soir. Il faut toujours avoir sur soi la clef ouvrant la porte qui donne sur la rue. Si vous avez oublié votre clef, le veilleur de nuit, qui en a une double, vous ouvrira moyennant dix centimes.