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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/191

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

Il y a trois magasins de tableaux exposant des toiles à leurs vitrines. Deux qui sont voisins, avenue des Tilleuls, et dont les vitrines n’exhibent guère que les éternelles vues italiennes d’Achenbach, des vues de Suisse par quelques sous-Calame, des sentimentalités de famille par Knut-Ekwald, des almées de Sichel, etc… et cette vitrine s’éternise, se renouvelle lentement. Depuis un an, l’un de ces magasins a été pris par un marchand de Cologne qui organise de petites expositions « à l’instar » de celles de la rue de Sèze, mais combien piteuses. Et puis l’entrée de ces expositions coûte un franc : ce qui ne s’est jamais vu.

Le troisième de ces magasins se trouve rue Behren, la première rue immédiatement parallèle à l’avenue des Tilleuls. C’est là le seul magasin artiste de Berlin ; le maître est M. Gurlitt, un homme jeune encore, très intelligent, et qui est au courant de ce qui se passe en art au delà des frontières. La boutique est étroite, mais on y fait de temps en temps de bonnes expositions, tantôt de plusieurs maîtres, tantôt d’un seul : audace mémorable, on a pu y voir une exposition d’impressionnistes français. Si Berlin devient un peu artiste, il le devra beaucoup à M. Gurlitt.