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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/36

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

Accompagnés du chambellan, à petit pas et voûtés, les deux souverains se dirigent vers le wagon-salon où des valets les aident à monter. Le train part, devant le chef de gare saluant militairement.

À l’arrivée, la place qui se trouve devant la gare de Potsdam et qui est le point central et le plus animé de la ville est nettoyée par des policiers à cheval contenant le cercle des curieux. Et ce seront encore un échelonnement ininterrompu de gardes à cheval et les deux haies compactes de bons Berlinois tout le long de l’avenue des Tilleuls jusqu’au palais impérial où déjà flotte le drapeau qui annonce que l’empereur est à Berlin.

L’entrée par chemin de fer dans la capitale de la Prusse est glaciale, sans imprévu, sans vie. Ce n’est pas comme en arrivant à Paris, après avoir longé de gaies maisons de campagne et des jardinets, cette série de banlieues si caractéristiques, puis ces faubourgs aux hautes maisons escaladées d’enseignes et de réclames et de balcons à fleurs, toutes grouillantes de populations et de petits métiers, des deux côtés de l’infernal fonctionnement de la gare. Ici, c’est, en fait de campagne, du sable pur à