Aller au contenu

Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

qui, pour un ou deux sceptiques à la cour, est resté comme un charmant jésuite, et pour tout l’entourage de l’impératrice, comme un modèle sacré de distinction et de savoir. On voit sa photographie sur nombre de guéridons, au palais, et le jour anniversaire de sa mort se passe dans une tristesse muette. « Quel bonheur qu’il soit mort avant cette guerre ! » soupire encore aujourd’hui la souveraine.

Pour l’empereur, cela fait partie des affaires intellectuelles de sa femme, et de l’ensemble de ses supériorités : il n’a rien à y voir.

Les Berlinois croient l’impératrice constamment abîmée dans des exercices de piété. Il n’en est rien, certes ! L’impératrice n’a pas le tempérament d’une bigote, et n’en a pris ni les habitudes, ni le langage, ni les mines. Si toutes ses sympathies et ses convictions de femme et de souveraine vont au catholicisme, son éducation est bien protestante. Et même dans l’atmosphère de Rome, elle ne prendrait pas le chemin de Madame Gervaisais[1] dont l’histoire l’a passionnée, mais non troublée.

  1. Le roman d’Edmond et Jules de Goncourt.