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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/88

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

cette note : « Le nom de l’impératrice Augusta ne doit être prononcé qu’avec respect en France. » Cette note est accompagnée de faits qui la justifient ; ces faits, il serait aisé de les multiplier. Si vous faites le voyage des bords du Rhin, descendez à Coblentz et allez visiter le charmant cimetière où reposent les soldats français morts de leurs blessures pendant leur internement dans cette ville : c’est l’impératrice qui a fait arranger ce cimetière dans tous ses détails et qui l’entretient exclusivement à ses frais.

L’impératrice parle sans accent un français absolument correct. Mais ce français a ceci de particulier que dans les heures en bonne humeur de conversation, il arrive, par la préciosité des locutions toujours choisies, et par le maniéré tantôt enfantin, tantôt lentement ironique des intonations, à constituer une sorte d’esprit qu’on écoute avec plaisir. Cela ne paraît de l’affectation qu’à la première fois, alors qu’on est encore mal orienté devant cette figure de souveraine, chez qui tout semble fait pour déconcerter.

Un des plaisirs de l’impératrice, dans ce plaisir qui est le seul où elle se complaise absolument, la conversation autour d’une table de thé, un de ses plaisirs est de riposter par une impertinence