Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/106

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nuptiale, à voir des couples entrer, entrer et puis sortir au bout d’une semaine ; et s’en aller, comme ça.

— Entrons ! entrons ! nous sommes chez nous ! chante Elsa, qui bat des mains.

Ils s’aventurent et tout de suite, sans hésiter, brûlés de malaise et de silence, les pieds très énervés des graviers attiédis, ils se hâtent vers comme des cascades prochaines là-bas, — à travers encore de décourageants labyrinthes d’ifs tondus en corridors et de stratifications étrangement plastiques, et des pic-ploc solitaires d’opalins jets d’eau balsamyrrhés au centre de ronds-points à circulaires terrasses de marbres où se pavanent avec leur traîne immaculée des paons blancs dans le clair de lune.

Mais c’étaient, en effet, des cascades qu’ils entendaient, un cirque d’éternelles cascades autour d’un bassin dont l’eau, profonde d’un pied à peine et translucide, livrait aux féeries lunaires les scintillants micas de son fond de sable pur.

Ah ! ils rejettent et armure de cristal et traînante robe étoilée de beaux œils de paon : — édéniquement nus, ils entrent dans l’eau avec de petits rires absurdes, et débilement ils vont s’étendre au milieu, comme dans des couvertures idéales, accoudés, causer un peu, reprendre leurs sens.

Ils s’épient, plus ou moins à la dérobée.

Lohengrin, adolescent et supérieur, les jambes trop croisées, en une pose sofalesque.

Elsa s’étirant sous la lune, maigre, toute en lignes dures et gauches. (Je hais ces inflexions molles qui coulent d’avance par la satiété à la pourriture), hanches fières, jambes