l’on jette les détritus des serres, les décatis bouquets des galas éphémères. La mer est le Sund, aux flots sur qui on ne peut faire fonds, avec la côte de Norwège en vue ou la ville d’Helsingborg, ce nid de l’indigent et positif prince Fortimbras.
L’assise de la tour où le jeune et infortuné prince s’est décidément arrangé pour vivre, croupit au bord d’une anse stagnante où le Sund s’arrange aussi pour envoyer moisir le moins clair de l’écume d’épave de ses quotidiens et impersonnels travaux.
Ô pauvre anse stagnante ! Les flottilles des cygnes royaux à l’œil narquois n’y font guère escale. Du fond vaseux de paquets d’herbages, là, montent, aux pluvieux crépuscules, vers la fenêtre de ce prince si humain, les chœurs d’antiques ménages de crapauds, râles glaireux expectorés par de catarrheux vieillards dont un rien de variation atmosphérique dérange les rhumatismes ou les gluantes pontes. Et les derniers remous des bateaux laborieux viennent troubler à peine, non plus que les perpétuelles averses, la maladie de peau de ce coin d’eau mûre, oxydée d’une bave de fiel balayée (comme de la malachite liquide), cataplasmée çà et là de groupes de feuilles plates en forme de cœur autour de rudimentaires tulipes jaunes, hérissée çà et là de maigres bouquets de joncs fleuris, de frêles ombelles semblables, entre parenthèses, à la fleur de la carotte dans nos climats.
Ô pauvre anse ! Crapauds chez eux, floraisons inconscientes. Et pauvre coin du parc ! bouquets dont les jeunes femmes se débarrassèrent comme minuit tintait. Et pauvre