Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/200

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Ah ! elle s’étirera et gémira jusques à quand ?... Et elle dit, à haute et intelligible voix dans la solitude atlantique de son île :

— Oui, mais quand je ne sais quel sixième sens inconnu veut éclore, et que rien, rien n’y répond ! Ah ! — Le fond de tout cela c’est que je suis bien seule, et bien à part, et que je ne sais trop comment tout cela finira.

Elle caresse ses bras, puis, exaspérée, grince des dents, et se griffe, et se balafre doucement avec un éclat de silex qui s’est trouvé là.

— Je ne puis pourtant pas m’ôter la vie pour voir, ô dieux ! Elle pleure.

— Non, non ! On me délaisse trop ! Maintenant on aurait beau venir me chercher, m’emmener ; je garderai rancune toute ma vie, je garderai toujours un peu rancune.