Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/80

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Puis, dans un piétinement de troupeau, une école de gamins,

deux par deux, endimanchés par de pauvres mamans qui se surpassèrent, tous tenant le livre de cantiques ouvert au fond de leur chapeau, piaulant traînardement des litanies vers les acacias en boule de la Promenade. Les deux premiers, mis comme de petits bouts de bourgeois influents, arboraient une lourde bannière de moire usée dont deux autres, moins influents, tenaient les glands. À un moment, le père de l’un d’eux, sortant de la haie des spectateurs, s’avança dans les rangs, et, avec sa brosse à barbe et un air « de la paroisse », remit en vigueur la raie pommadée du touchant Eliacin. Les quatre derniers de ce troupeau, les plus grands, et tout pâlots dans leur costume noir de communiants, prêtaient l’épaule aux brancards d’une civière où une Pietà, style rue Saint-Sulpice, était. Quatre chantres à gibus roussis, gantés sans nulle parcimonie, une violente écharpe en sautoir, surveillaient le tout, allant et venant, un poing sur la hanche, tels des sergents d’armes.

Puis, venaient des fillettes, angelots en sucre d’orge, tout en blanc ceinturé d’azur, frisées et de muguets couronnées, les bras nus portant des corbeilles pleines de pétales à semer ; quelques bourgeoises cossues les escortant d’une ombrelle maternelle.

Puis, un pensionnat en toilettes simples non d’uniforme, chantant un cantique d’une voix peu brave.

Puis, une cohue de rosières en blanc, quelque congrégation d’Enfants de Marie, couronnées, gantées, excessivement décentes, convoyant çà et là une bannière, quelque