Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/95

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nera sous son toit. Elle a d’adorables restes ; — et pas dix-huit ans accomplis... si nous ne nous trompons ? »

Elsa ne daigne confirmer ce détail irrésistible.

Mais un héraut s’avance, il élève vers le peuple, sur une patène, l’aérolithe qui va corroder ces beaux yeux succulents, il sonne aux quatre points cardinaux de son olifant d’ivoire, puis...

— Si vous sonniez un peu plus sérieusement du côté de l’horizon des mers ! lui fait observer Elsa.

— Elle se moque.

— Elle veut nous faire poser. — À l’ordre ! — La clôture de ses yeux !

— Je ne veux rien avoir à me reprocher, déclare le Grand-Prêtre : Héraut, obtempérez et sonnez plus sérieusement du côté de l’horizon des mers !

Le héraut sonne dérisoirement du côté de l’horizon connu des mers ! puis il clame :

« Que celui qui veut prendre pour épouse légitime Elsa, vestale au rancart, s’avance, et le jure à haute et intelligible voix ! »

Elsa ne daigne pas jouer de la prunelle ; elle tourne le dos à la cérémonie, semble inspecter l’horizon si inconnu des mers.

Et personne ne dit mot. — Bien des mères ont mis leurs fils sous clef, aujourd’hui ! — Et puis elle est trop fière aussi ! Cela ne promet guère.

Les deux autres sommations restent sans écho.

« Adjugé ! »