Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/98

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homme. — Ah ! le voilà ! le voilà ! le voilà ! Mais regardez plutôt vous-même !

Les mouettes repiaulaient en détresse vers les volières-dortoirs du Phare.

En effet, ô beau soir...

De l’horizon, au ras des flots résignés, dans l’enchantement de la Pleine-Lune écarquillée, s’avançait, merveilleusement et le col en proue, un grandissime cygne lumineux, chevauché d’un éphèbe, en armure radieuse, tendant les bras, sublime de confiances inconnues, vers le Rivage Tribunal !...

Et nos bourreaux de se changer en badauds, attroupés sur la grève, autour d’Elsa effarée, qui peut à peine articuler : « Ne vous bousculez donc pas ainsi ! Vous ne voyez donc pas que vous me chiffonnez ma toilette ! »

Et les bourreaux badauds :

— Quel est cet honnête Chevalier qui s’avance sur les mers, mélodieux de bravoure, franc comme les cimes, le front caroncule de Foi ? Quelles Fêtes ! Ô Elsa, nous te félicitons, sans arrière-pensée ; tu auras au moins de beaux enfants. Et comme il chevauche, cet oiseau séraphique, avalanche faite cygne ! Oh ! c’est, pour le moins, Endymion lui-même, le petit jeune homme de Diane. Et que le son de sa voix doit être... providentiel !

Il arrive, glissant, grandissant, magique, gardant sa pose, sûr de tout !

Que sa famille doit être riche et raffinée ! Oh, dans quels bosquets enchantés prend-elle des glaces, à cette heure ?