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les complaintes


Là, sur des oreillers d’étiquettes d’éthiques,
Lévite félin aux égaux ronrons lyriques,

Sans songer : « Suis-je moi ? Tout est si compliqué !
« Où serais-je à présent, pour tel coche manqué ? »

Sans colère, rire, ou pathos, d’une foi pâle,
Aux riches flirtations des pompes argutiales,

Mais sans rite emprunté, car c’est bien malséant,
Sirote chaque jour ta tasse de néant ;

Lavé comme une hostie, en quelconques costumes
Blancs ou deuil, bref calice au vent qu’un rien parfume.

— « Mais, tout est un rire à la Justice ! et d’où vient
Mon cœur, ah ! mon sacré-cœur, s’il ne rime à rien ? »

— Du calme et des fleurs. Peu t’importe de connaître
Ce que tu fus, dans l’à jamais, avant de naître ?

Eh bien, que l’autre éternité qui, Très-Sans-Toi,
Grouillera, te laisse aussi pieusement froid.

Quant à ta mort, l’éclair aveugle en est en route
Qui saura te choser, va, sans que tu t’en doutes.