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NOBLES
ET
TOUCHANTES DIVAGATIONS
SOUS LA LUNE


Un chien perdu grelotte en abois à la Lune…
Oh ! pourquoi ce sanglot quand nul ne l’a battu ?
Et, nuits ! que partout la même Âme ! En est-il une
Qui n’aboie à l’Exil ainsi qu’un chien perdu ?

Non, non ; pas un caillou qui ne rêve un ménage,
Pas un soir qui ne pleure : encore un aujourd’hui !
Pas un Moi qui n’écume aux barreaux de sa cage
Et n’épluche ses jours en filaments d’ennui.

Et les bons végétaux ! des fossiles qui gisent
En pliocènes tufs de squelettes parias,
Aux printemps aspergés par les steppes kirghyses,
Aux roses des contreforts de l’Himalaya !