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Page:Laforgue - Poésies complètes.djvu/40

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les complaintes


Tu peux donc nous mener au Mirage béant,
Feu-follet connu, vertugadin du Néant ;

Mais, fausse sœur, fausse humaine, fausse mortelle,
Nous t’écartèlerons de hontes sangsuelles !

Et si ta dignité se cabre ? à deux genoux,
Nous te fermerons la bouche avec des bijoux.

— Vie ou Néant ! choisir. Ah quelle discipline !
Que n’est-il un Éden entre ces deux usines ?

Bon ; que tes doigts sentimentals
Aient pour nos fronts au teint d’épave
Des condoléances qui lavent
Et des trouvailles d’animal.

Et qu’à jamais ainsi tu ailles,
Le long des étouffants dortoirs,
Égrenant les bonnes semailles,
En inclinant ta chaste taille
Sur les sujets de tes devoirs.

Ah ! pour une âme trop tanguée,
Tes baisers sont des potions
Qui la laissent là, bien droguée,
Et s’oubliant à te voir gaie,
Accomplissant tes fonctions
En point narquoise Déléguée.