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Page:Lagerlöf - Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, trad. Hammar, 1912.djvu/185

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à travers la suède

ne pouvaient rien découvrir de bon dans le présent.

Les oies passèrent deux ou trois fois sur la ville afin que Poucet pût tout voir à son aise, puis elles finirent par descendre et s’installèrent pour la nuit sur les dalles couvertes d’herbe d’une église en ruine.

Elles dormaient déjà que Poucet regardait encore, à travers les voûtes effondrées, le ciel rose pâle du soir. Il finit par se persuader qu’il ne devait plus se désoler de n’avoir pu sauver la ville submergée.

Non, il ne se désolerait pas puisqu’il avait vu cette ville-ci. Si l’autre n’avait pas été engloutie de nouveau par la mer, elle aurait peut-être fini par déchoir comme celle-ci. Elle n’aurait probablement pas pu résister au temps et à la destruction ; bientôt elle aurait, elle aussi, présenté des églises sans toit et des maisons sans ornements et des rues vides et inanimées. Il valait mieux qu’elle restât, toute sa splendeur intacte, dans le gouffre mystérieux.

Beaucoup d’entre les jeunes pensent comme Nils. Mais lorsqu’on vieillit et qu’on s’est habitué à se contenter de peu, on préfère le Visby qui existe à une belle Vineta au fond de la mer.