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Page:Lagerlöf - Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, trad. Hammar, 1912.djvu/426

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le merveilleux voyage de nils holgersson

de nouveau fourré sa tête sous son aile et s’était rendormi.

Le jour promettait d’être très beau, presque aussi beau que ce jour de printemps où les oies sauvages étaient venues. La mer s’étendait vaste et immobile. L’air était calme, et Nils songeait au bon voyage que feraient ses amies.

Il était encore dans une espèce de demi-rêve. Tantôt il se croyait tomte, tantôt il était le vrai Nils Holgersson. Apercevant une clôture sur son chemin, il avait peur de continuer avant de s’être persuadé qu’il n’y avait pas d’animal dangereux caché derrière. Puis il riait, heureux de se rappeler qu’il était grand et fort et n’avait pas besoin d’avoir peur.

Arrivé au bord de la mer, il se posta sur la grève pour que les oies le vissent bien. C’était un jour de migration. À chaque instant des notes d’appel et de ralliement se faisaient entendre. Il sourit en se disant que personne ne savait aussi bien que lui ce que les oiseaux se criaient les uns aux autres.

Des bandes d’oies sauvages passaient. « Pourvu que ce ne soient pas les miens qui s’envolent sans me dire adieu ! » pensa-t-il. Il aurait tant voulu leur raconter comment il était redevenu un homme !

Une bande s’approcha, volant plus vite et criant plus fort que les autres. Quelque chose lui disait que c’était celle-là. Mais il ne la reconnaissait pas aussi sûrement qu’il aurait fait la veille.

Les oies ralentirent leur vol et louvoyèrent au-dessus de la grève. Nils comprit que c’étaient ses compagnons de voyage. Mais pourquoi ne descendaient-ils pas ? Ils ne pouvaient pas ne pas le voir.

Il essaya de lancer un appel, mais sa langue refusa d’obéir. Il ne put articuler la note juste.