Page:Lahor - Œuvres, L’Illusion, Lemerre.djvu/279

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LA MORT DU CHRIST


Tu voulais nous conduire à l’immortalité;
J’ai pleuré ta défaite et pleuré la clarté
De ces grands cieux, promis par tes lèvres divines
A tous ceux dont le front saigne sous les épines,
A tous ces affamés de justice et d’amour,
Qui, sûrs de toi, croyaient, ô Christ, aller un jour
Te rejoindre vainqueurs dans l’immense lumière!
Ainsi plus rien, hormis l’insensible Matière.
Nous avions trop rêvé. Trop longtemps, sur ta foi,
Les justes avaient cru que l’Esprit était roi;
La Mort triomphe et se rit d’eux, la Mort est reine,
Et mêle dédaigneuse à la poussière humaine
Ta sublime poussière et ton divin néant !
— Et nous, qu’allons-nous donc devenir maintenant,
Maintenant que nos cœurs ont douté de leur âme,
Que l’enfant raille aussi lorsqu’on parle des Dieux,
Et qu’il ne reste plus sous le vide des cieux
Que l’animalité de l’homme et de la femme?