Page:Lahor - Œuvres, L’Illusion, Lemerre.djvu/283

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TRISTESSE DES CHOSES


 
La pierre était triste en songeant au chêne
Qui, libre et puissant, croît au grand soleil,
Lutte avec les vents que l’hiver déchaîne,
Et frissonne et rit quand l’air est vermeil.

Le chêne était triste en songeant aux bêtes,
Qu’il voyait courir sous l’ombre des bois,
Aux cerfs bondissants, qui dressaient leurs têtes
Et jetaient au ciel des éclats de voix.

La bête était triste en songeant aux ailes
De l’aigle, qui monte à travers le bleu
Boire la lumière a pleines prunelles.
— Et l’homme était triste en songeant à Dieu !