Page:Lahor - Œuvres, L’Illusion, Lemerre.djvu/293

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LE SILENCE DES MORTS


Nous évoquons sans fin le ciel morne et la terre,
Et nous les supplions de nous révéler Dieu :
Mais le Destin les a condamnés à se taire,
Et paraît se complaire à ce terrible jeu !

Nulle parole encor ne leur est échappée,
Trahissant le secret qui nous rend soucieux ;
Et, pareils à ces noirs dont la langue est coupée,
Les êtres devant nous restent silencieux.

Mais vous, les morts, ô vous qui savez ce qu’on souffre
A toujours ignorer le sort qui nous attend,
Vous qu’on a descendus aux profondeurs du gouffre,
Et qui pourriez enfin dire ce qu’on entend,

Ce qu’on voit dans la tombe, entré dans sa nuit noire,
O morts, qui connaissez les doutes d’ici-bas
Et les tourments de ceux qui ne veulent plus croire,
Pourquoi, muets aussi, ne répondez-vous pas?