Page:Lahor - Œuvres, L’Illusion, Lemerre.djvu/390

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Le saint est le très noble et le sublime artiste,
Alors que de sa fange il tire un être pur,
Et tire un être aimant d’une bête égoïste,
Comme un sculpteur un Dieu d’un lourd métal obscur.

L’humble héros qui lutte et qui se sacrifie,
S’offrant à la douleur, à la mort sans trembler,
Seul t’apprendra les fins augustes de la vie ;
Et c’est à celui-là qu’il te faut ressembler.

Des tristes, des souffrants, de tant d’âmes qui pleurent,
Approche avec amour, et les viens relever :
C’est en luttant, souffrant, en mourant comme ils meurent,
Qu’ils t’ont permis de vivre et permis de rêver !

Regarde-les parfois entr’ouvrant leurs yeux mornes
Sur cette vie étrange et terrible pour eux.
Que ta religion soit la pitié sans bornes !
Allège le fardeau de tous ces malheureux !

De ton âme l’ennui mortel faisait sa proie,
Étant le châtiment de l’incessant désir ;
Du fier renoncement de ton âme à la joie
Goûte la joie austère et le sombre plaisir.