Page:Lahor - En Orient, 1907.djvu/240

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Oubliant tout, les Dieux, son temple, sa maison,
Sa femme et ses enfants, n’ayant plus sa raison,
Et de la courtisane ayant franchi la porte,
Il la revit !… Courbé, d’une voix presque morte,
Devant l’être aux seins purs, qui se montraient encor
Sous un fin voile noir, pailleté de points d’or,
Il soupira : « Je meurs et t’adore, ô Déesse,
Mais je voudrais mourir en goûtant ta caresse.
Oh ! réponds : que faut-il pour approcher de toi ?
Ton prêtre est là qui prie : impose-lui ta loi ;
Tous mes biens à tes pieds, est-ce assez pour offrande ?
— Je vaux plus, lui dit-elle, et je l’attends plus grande.
Déesse, j’ai le droit, comme certains des Dieux,
D’exiger des trésors qui soient plus précieux.
Du ciel blanc de ma chair tu rêves les délices ;
Sur mon autel je veux aussi des sacrifices :
Tes enfants m’ont raillée hier, tu les tueras,
Et je te recevrai peut-être entre mes bras. »
Et comme il répondait : « Laisse que je contemple
De plus prés ta beauté, seule aujourd’hui mon temple. »
Elle dit : « Tu connais maintenant mon vouloir ;
Obéis, et va-t’en ; je t’attendrai ce soir. »

Malgré leurs yeux de fleurs, malgré leur bouche tendre