Page:Lahor - En Orient, 1907.djvu/242

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Il se rua sur elle et lui rompit le cou.
Et dès le matin clair il repartit très ivre,
Riant d’un rire étrange et hurlant : « Je vais vivre ! »

Dans son grand palais d’or, fumant d’encens pour lui,
L’Idole était parée. « Est-ce enfin aujourd’hui
Que je vais posséder la Déesse qui tue ? »
Lui dit-il… Elle était ainsi qu’une statue,
Droite, les seins bombés, sublime, mais ses yeux
Qui luisaient par la chambre, astres noirs merveilleux,
Semblaient dans leur orgueil aussi froids que la pierre
D’un sépulcre ; et vers lui, dont tremblait la paupière,
Elle laissa tomber ces mots : « Je t’appartiens,
Paye-toi sur ma chair, dont les trésors sont tiens. »
… Or, quand l’homme, affolé d’amour, l’eut toute prise,
Elle avait dans les yeux le regard qui méprise,
Et loin d’Elle poussant cet esclave ébloui,
Mais trop soumis, trop lâche, Elle cracha sur lui.


1907.