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Page:Laisant - L’Éducation de demain.djvu/11

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dans l’esprit de l’enfant, au bout de quelques années, un précieux ensemble de notions utiles.

Reposant sur le respect de la liberté de l’être humain, sur l’observation consciencieuse des dispositions cérébrales propres à chaque élève, cette méthode l’amènerait ainsi vers l’âge de 11 à 12 ans, à pouvoir aborder la période d’étude. Celle-ci, longue ou courte, qu’elle s’arrête à 13 ou 14 ans ou se prolonge au-delà de 20, sera dans tous les cas singulièrement plus fructueuse qu’aujourd’hui.

La raison amène donc à dire qu’à la division artificielle : enseignement primaire — enseignement secondaire — devra être substitué la suivante : Initiation — Étude.

Or, dans la pratique de l’enseignement primaire actuel, on fait à peu près juste le contraire de ce que nous venons de dire. La mémoire est heureuse, on en abuse ; on fait apprendre par cœur, on enseigne des raisonnements, des formules qui ne peuvent rien dire à l’esprit de l’enfant ; on les lui met de force dans la mémoire, et, en le torturant, on lui fait retenir, quoi ? Des mots, rien que des mots. Sa curiosité, on lui en fait un crime ; ses questions, on les élude ou on le fait taire.

Il est difficile qu’il en soit autrement quand on voit, ce qui n’est pas rare, des classes de 60 ou 80 jeunes enfants confiés à un seul instituteur. Ce ne sont plus là des écoles, mais des bergeries, des garderies de petits animaux qu’on essaie simplement de réduire au silence. Cet odieux spectacle ne se prolongera pas longtemps, même dans notre monde barbare, qui se prétend civilisé. Il faudra bien et à bref délai, qu’à la fiction succède la réalité, qu’à l’apparente instruction primaire succède l’initiation véritable, préparatoire à l’étude future, et reposant sur la base solide des connaissances rationnelles, scientifiques, dont l’humanité est déjà en possession, et qui cependant ne sont rien, en comparaison de ce qu’elle possédera un jour.