Aller au contenu

Page:Laisant - Pourquoi et comment je suis boulangiste.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ainsi dire qu’un but unique, aussitôt la conclusion, tout à notre honneur, de l’incident de Pagny : détruire le général Boulanger. Volontiers il eut repris le projet de l’obscur député qui d’un coup s’est rendu célèbre en parlant d’administrer au général une forte dose de mort aux rats, dans le fond de sa tasse de café.

Cette intrigue contre un homme qui avait fait son devoir, et parce qu’il avait son devoir, était surtout une intrigue contre la patrie. Elle finit par réussir quand même. On sait comment.

On avait la complicité de certains hommes sans scrupules, las d’attendre le pouvoir et désireux de s’en emparer par tous les moyens. Par l’une de ces hypocrisies dont les tripotages parlementaires n’offrent que trop d’exemples, on obtint le concours de républicains de bonne foi, mais qui furent naïfs plus qu’il n’est permis de l’être.

Je l’ai dit du premier jour ; les républicains du Parlement qui ont contribué au renversement du ministère Goblet sous prétexte d’économies et de réformes fiscales ont été des dupes et des victimes. Ils ont donné dans un piège abominable, et sont devenus, sans le vouloir, les artisans de la fortune des malfaiteurs publics qui se servaient d’eux. Ils conservent des droits à l’estime, car ils étaient sincères ; mais qu’on ne nous parle pas de leur perspicacité en cette occasion.

Quoiqu’il en soit, une fois le ministère Goblet renversé, le coup était fait. Avant même la constitution du nouveau cabinet, on entreprit dans le Parlement, — contre le général Boulanger, — une campagne de calomnies, dans laquelle aucun moyen ne fut épargné. Depuis la terminaison de