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Page:Laisant - Pourquoi et comment je suis boulangiste.djvu/31

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III


À côté des hommes qui par calcul, haine et perfidie, s’évertuent à simuler une épouvante qu’ils ne ressentent pas, il y a dans le Parlement quelques républicains très sincères, animés d’une inquiétude sur laquelle il est bon de s’expliquer. Ceux-là reconnaissent, sans hésiter, qu’aucune dictature ni tentative de dictature n’est à redouter du fait du général Boulanger, qu’il n’a jamais eu la moindre pensée de coup d’État. Mais, ajoutent-ils, sa popularité dans les circonstances où elle s’est développée, tend à créer en ce pays un état d’esprit dont on s’était déshabitué, et qui peut devenir dangereux. Cette renommée d’un homme, et surtout d’un général, se mettant si rapidement en possession de la faveur populaire, ne présente-t-elle pas un symptôme redoutable pour l’avenir de la République !

Cette manière de voir, si sincère qu’elle puisse être, est à mon avis, complètement erronée, et tire son origine de l’état d’isolement dans lequel vivent les politiciens parlementaires. À force de voir pour tout horizon les quatre murs de la Chambre des députés, ils finissent par ne plus comprendre du tout le pays.

La vérité, c’est que la France est républicaine.