Page:Laisant - Pourquoi et comment je suis boulangiste.djvu/9

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qui se manifesta au plus haut point lors de l’incident de Pagny, et qui lui mérita la juste admiration de l’Europe entière.

Il n’y avait alors, à ce moment qui remonte à quelques mois à peine, et qui pourtant semble aujourd’hui si éloigné de nous, nulle dissidence dans aucun parti. Sans forfanterie, sans jactance, chacun s’apprêtait à faire noblement et simplement son devoir de Français. Le bon droit était si évidemment de notre côté que tous, nous nous demandions quel pouvait bien être le but d’une telle provocation, et nous ajoutions : Si le gouvernement prussien veut décidément anéantir la France, eh bien, qu’il en porte la responsabilité devant l’histoire, et qu’il y vienne !

Le sentiment unanime était que la France, bien préparée, bien menée au combat, serait capable non pas seulement de sauver l’honneur, mais d’avoir raison de sa puissante ennemie.

Ce sentiment de confiance, au moment d’une guerre, c’est plus de la moitié de la victoire. C’est là ce qui fait qu’on ne désespère pas, qu’on supporte, s’il le faut, sans perdre la tête, quelques échecs partiels au début de la campagne. Pour tout dire d’un mot, la confiance c’est la préparation morale à côté de la préparation matérielle, et non moins importante que cette dernière.

Cette confiance, c’est le général Boulanger qui l’avait inspirée. Le pays lui en fit honneur. De là, son immense et rapide popularité. De là, cette sorte de légende, qui répandit son nom jusque dans les moindres hameaux, d’un bout à l’autre du territoire.

Par cela même, la haine et la crainte qu’il ins-