Aller au contenu

Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

93
du vieux temps

déesse et la lune par un dieu. Les poëmes scandinaves de l’Edda appellent le soleil : la lumineuse fiancée du ciel, et cet astre porte encore aujourd’hui, chez les Suédois, un nom féminin[1]. Il en est de même en Pologne ; dans un chant des paysans lithuaniens, il est dit :

Menou (la lune) épousa Saülée (le soleil),
Au premier printemps.
Saülée se leva de grand matin,
Menou se sépara d’elle… etc.[2].

D’un autre côté, cette reine des cieux à laquelle sacrifiaient les Hébreux idolâtres, et dont parle le prophète Jérémie (XLIV, 19), n’était autre que le soleil[3]. — Ainsi s’expliquent encore les ex voto pro salute à la déesse Sulis, qui, en Angleterre, jouait le rôle du soleil[4]. Enfin, cet astre, divinisé par les anciens Aztèques, était considéré comme le premier principe de toutes choses, et passait, au Mexique, pour la grand’mère de la famille humaine. — Ajoutons que les termes la sole, la soûle, la soulette, etc., dont nous avons parlé plus haut (p. 83 et 84), se traduisant par le soleil, il est évident qu’à une époque assez rapprochée, le soleil, même en France, était connu sous un nom féminin.

La fête de sainte Solange tombe le 10 mai, c’est-à-dire précisément dans le mois qui était sous la protection d’Apollon.

Maintenant, si nous feuilletons sa légendes[5], nous verrons que Solange était une humble bergère du val de Villemont, près de Bourges, ce qui nous rappellera qu’Apollon,

Sous un habit grossier, simple berger d’Admète,
À vécu sous le chaume et porté la houlette.
(Desaintange.)

  1. Les Eddas, traduction de Mlle R. du Pujet, p. 116.
  2. A. Chodzko, Contes des paysans et des pâtres slaves, {pg|380}}.
  3. Voy. plus haut, p. 7.
  4. M. Alfred Maury, Croyances et Légendes de l’antiquité, p. 244.
  5. Il existe plusieurs biographies de sainte Solange ; l’une des plus remarquables a été publiée à Bourges, en 1828, par l’abbé Oudoul.