Aller au contenu

Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

113
du vieux temps

qui construisit l’oratoire d’origine celtique qu’on lui a consacré et qui consiste en une énorme dalle soutenue par quatre piliers de pierre. Elle apporta, dit-on, tous ces matériaux à la fois : le toit de l’édifice sur sa tête, les quatre colonnes dans son tablier, et le bénitier dans sa poche[1]. — En Finlande, ce sont les filles des géants qui ont élevé non-seulement des constructions pareilles, mais encore des montagnes, en transportant, toujours dans leurs tabliers, d’immenses blocs de rochers[2].

Le terme fade, par lequel nous désignons quelques-unes de nos fées, appartient il la langue d’oc, et ne signifie pas autre chose que fée ; il vient du latin fata, qui, lui-même, ainsi que nous l’avons dit plus haut, dérive de fando. — N’oublions pas que fata était le nom des Parques, et que les fées, en italien, s’appellent fatas. — En espagnol, où le h s’emploie fréquemment pour le f au commencement des mots, hada signifie aussi bien parque que fade ou fée. L’appellation hada se retrouve chez les Gascons qui disent hade pour fade. — Dans la légende provençale de Saint-Armentaire, qui date de 1300, on parle de la lauza de la Fada (pierre de la Fée). — Près du bourg de Chambon-Sainte-Croix (Creuse), existe lou daro de la Fadée (le rocher de la Fée), qui est le sujet de plusieurs merveilleuses histoires. — Entre autres, on raconte que la reine des Fades, ayant à se plaindre des habitants de cette localité, lit tarir des sources thermales qui, jadis, sortaient de ce rocher, et les lit jaillir à trois lieues plus loin, près de la ville d’Évaux qui, à partir de ce moment, dut à ces eaux bienfaisantes toute sa prospérité. Pour cela faire, la fée n’eut qu’a frapper le granit de son pied droit, dont lou daro de la Fadée a gardé et gardera éternellement l’ineffaçable empreinte.

  1. Mémoires de la Société royale des antiquaires de France, t. VII, p. 42.
  2. X. Marmier, Traditions finlandaises, p. 348.