Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ix
préface

définit et résume clairement tout le livre. C’est un sujet qui a été souvent traité dans diverses provinces ; mais, chose rare, le livre tient ici parole à l’annonce et même au delà, car c’est une étude complète, achevée, immensément riche : c’est l’occupation de toute une vie fixée volontairement dans le milieu même de son sujet ; c’est un examen de tous les jours, de tous les instants, aussitôt suivi de recherches dans le grand fonds de savoir que possédait l’auteur. Il était une des quatre ou cinq dernières personnes lettrées qui connaissaient à fond le vrai parler du paysan de chez nous. Je ne saurais dire que, dans ces dernières années, il y en ait eu davantage et je ne sais s’il en existe encore autant aujourd’hui, car le paysan a oublié sa langue, et les vieux qui la parlaient purement ne sont plus.

Cela est fort regrettable ; le français du Berry était un français particulier, très-ancien et longtemps inaltéré. Il avait mille originalités et mille grâces qu’on ne retrouve point ailleurs, et certaines locutions heureuses et bizarres dont nous n’avons nulle part l’équivalent.

Laisnel de la Salle aimait tellement cette langue qu’il n’avait réellement tout son esprit que quand il s’en servait. Elle lui servit grandement, car c’est grâce à elle qu’il entra dans la véritable intimité du paysan et connut à fond toutes ses idées, toutes ses croyances, toutes ses légendes. Mais il ne voulut point faire œuvre de poëte ou d’artiste seulement ; il voulut rattacher, par un lien historique, ces choses particulières au sol, à la grande famille des versions universelles sur les mêmes objets.