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introduction

Berry a son empire, au lieu de conquérir des provinces étrangères. » Cette contrée, quoique située au beau milieu de la France, ne semble réellement avoir été découverte que de nos jours, et l’on n’en parle guère pertinemment que depuis que Mme Sand, son Christophe Colomb et son Cooper, l’a fait connaître. Jusque-là, ce que l’on en savait était fort erroné et peu fait pour exciter l’intérêt du public. Que l’on en juge. Il y a quelque cinquante ans, l’auteur d’une Statistique de l’Indre, le préfet Dalphonse, traçait de la manière suivante le signalement des naturels de ce pays : — « Les habitants de l’Indre ont le regard timide, les yeux sans vivacité ; leur physionomie a peu d’expression, leur allure est embarrassée, etc., etc. » — Après ce piquant morceau d’histoire naturelle, qui nous classerait, si nous avions des plumes, dans l’honorable famille des grands-ducs, ce profond observateur signale dans nos habitudes une anomalie étrange, bien faite pour nous distinguer de toutes les autres populations de la France, c’est à savoir : que nous levons l’un après l’autre les pieds pour danser.

Chose incroyable ! loin de trouver à redire à cette pittoresque description de l’indigène indrien, nous avons eu plus d’une fois la bonhomie de la reproduire dans nos almanachs.

Cependant, il est aisé de reconnaître, lorsque l’on a séjourné quelque temps dans nos paisibles contrées, combien est inexact le portrait peu flatteur que nous venons de retracer,