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SOUVENIRS DU VIEUX TEMPS

— Halte-là ! dit le père Billard, en saisissant le bras de François Naubin, qui s’élançait, bouillant de rage, vers la porte du caveau. On ne se quitte pas comme cela, mon garçon ; j’ai auparavant quelques petites conditions à te faire… Mais où allais-tu donc de ce pas-là !

— J’allais… je vais éreinter ce misérable ! s’écria le métayer, qui cherchait vainement à s’échapper de l’étreinte du sorcier.

— Apaise-toi, mon garçon, apaise-toi, et fais bien attention à ce que je vais te dire : — Quand tu auras éreinté, comme tu te le proposes, celui qui t’a fait tort, cela ne remettra pas tes aumailles en état et pourra t’attircr plus que des désagréments. — Ecoute-moi donc, moi qui peux, seul,’rendre la santé à tes bœufs et le lait à tes vaches ; écoute-moi donc, moi qui peux, seul, te procurer une jolie petite vengeance dont tu n’.uiras pas à craindre les suites.

— Eh ! quelle vengeance me promettez-vous ? demanda tout à coup le métayer ; vaudra-t-elle jamais celle que je projette et que j’aurais tant de plaisir à… ?

— Elle vaudra mieux, interrompit le devin ; elle sera plus sûre, et tu n’auras pas à t’en repentir.