Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 104 –

– Tu ne me dis pas ! Comment est-elle ? Sais-tu que je ne l’ai pas revue depuis la mort de maman ! Pauvre mère !… C’est bien ça la vie, hein ? Tu as dû trouver du changement, à Port-Joli ?

— Non… Vraiment, il n’y a pas grand’chose de changé ! J’ai assisté à une noce. C’était comme il y a vingt ans.

— En effet, j’ai vu ça dans les journaux. C’est le petit Joseph à Nazaire qui a convolé avec la petite Dumas. J’avais déjà oublié ! Ça m’a rajeuni de vingt ans ! Je me suis retrouvé au milieu de cette bonne population terrienne, restée saine, d’apparence du moins, et combien française ! Ah ! il y a bien, à Port-Joli, une ombre au tableau : la Bastille ! Cette bonne vieille Bastille, autrefois le refuge des voyageurs de commerce, qui venaient y passer le dimanche, à cause du commerce si agréable du vieux Belleau, alors propriétaire de l’établissement ! Quels gais lurons que ces voyageurs ! Tu te rappelles que, petits garçons, nous désertions furtivement la maison pour aller écouter leurs histoires fantastiques et parfois même épicées ? Aujourd’hui, l’hôtel est envahi par les touristes et les villégiateurs. Cependant, l’entourage n’est pas changé. La maison de mon père est encore intacte…

— Oui, mais il y manque les vieux ! Comme je te l’ai dit, je ne suis pas retourné à Port-Joli