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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/117

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à ceux qui soutiennent cette opinion, il est inutile d’essayer de les convertir : ils n’ont pas l’âme assez haute pour comprendre toute la noblesse qu’il y a dans ce sentiment sublime qu’on appelle l’amitié.


XVIII


La vieille coutume de se former en groupes épars, à la porte de l’église paroissiale, avant et après les offices religieux, existe encore à Port-Joli. J’ai souvent entendu, dans mon jeune âge, formuler des critiques contre cette habitude qu’ont les fidèles d’attendre le dernier son de la cloche pour secouer leurs pipes et entrer dans l’église. Bah ! Si nos grands-pères n’ont jamais commis de plus grand délit que celui-là contre l’observance du dimanche, il n’y a vraiment pas matière à scandale ! D’ailleurs, les pharisiens qui critiquent le plus violemment cette coutume ancestrale sont souvent ceux qui se scandalisent le moins de voir fumer les cheminées d’usines le jour du Seigneur. Non, il ne faut pas exagérer. D’ailleurs, cette formation de groupes offre un cachet si particulier, si attrayant ! Pendant que les hommes causent de leurs semences ou de leurs récoltes, les femmes, déjà agenouillées au pied de l’autel, préparent par leurs prières ferventes la rentrée de leurs