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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/125

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— Ce n’est pas mon habitude d’étaler ma richesse, j’en connais trop la vanité. J’ai trouvé M. Latour si ridicule avec ses millions qu’il étale aux yeux de tout le monde ! Les diamants qu’il porte à ses doigts gros et courts, la chaîne de montre énorme qui orne sa corpulence prononcée, me donnent envie de rire, chaque fois que je le vois. J’ai l’avantage de n’être pas pansu, ce qui me donne l’air de tout le monde. Aussi Mme Latour m’a-t-elle pris en pitié, me classant sans doute au nombre des petits fonctionnaires qui dépensent leurs économies dans les stations balnéaires, pour avoir l’avantage de coudoyer des millionnaires et, une fois de retour à leur pupitre, parler de leur ami Untel rencontré en villégiature. Si elle savait, cette pauvre Mme Latour qui me regarde toujours de son petit air protecteur, que je puis acheter son mari dix fois ! Mais non, cela m’enlèverait tout mon plaisir !

– Raison de plus, Olivier ! Quand le public apprendra ta richesse — car ça se saura, les roches parlent à Port-Joli comme ailleurs — on dira que tu te payes le luxe d’une maîtresse, et je ne pourrais souffrir ce soupçon !

— Tu me fais injure, Allie ! Pourrais-tu me soupçonner de la moindre intention perverse, moi qui suis presque ton frère ? Une amitié qui a duré à travers le temps et l’espace pourrait-elle engendrer d’aussi sordides intentions ?