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Elle ne répondit pas et alla retrouver sa mère. Elle fut bientôt suivie de Jacques et de Marie.

En jetant un coup d’œil autour de moi, je vis pêle-mêle, sur une table, un lot de vieux bouquins, parmi lesquels je découvris un album, contenant des pièces de vers, découpées ici et là dans les revues et les journaux. Classées artistiquement, ces poésies d’un choix exquis dénotaient chez la personne qui les avait recueillies le goût des belles choses, mais aussi un état d’âme porté vers la tristesse. Je m’absorbai dans la lecture de ces pièces choisies, tournant tranquillement chacune des pages, à mesure que j’en avais fini la lecture ou que la mélancolie des vers était trop prononcée. Tout à coup, je m’arrêtai devant un titre qui me parut intéressant. Au milieu des poésies, une nouvelle :

« Tout espoir de voir revenir le lieutenant Reillal est perdu. »

— Tiens ! me dis-je, qu’est-ce que cela ? Je lus avec anxiété.

« Prise en embuscade par l’ennemi, sa troupe a été anéantie ou faite prisonnière. Il y a plutôt lieu de croire qu’ils sont tous morts au champ d’honneur. »

En marge de cette découpure, je lus ces mots écrits de la main d’Allie :

« A-t-il au moins deviné le secret de mon cœur ? Adieu, Olivier ! »