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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/163

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douze de vos pairs et condamné à être pendu par le cou, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

« Condamné, la justice vous accorde encore un privilège avant de mourir. Qu’avez-vous à dire avant que votre sentence ne soit exécutée ? » Serait-ce ma planche de salut ? me dis-je en reprenant courage.

— Votre Seigneurie, je suis heureux du privilège que vous m’accordez. La principale et la seule objection que j’aie à offrir, c’est que je ne suis pas Oliver Reilly.

— Trêve de plaisanteries en face de la mort ! me rétorqua le juge.

J’avais cru comprendre, un instant auparavant, que le nom du juge était de Villiers.

Si je lui parlais en français ! me dis-je.

— Votre Seigneurie, vous êtes, comme moi, de descendance française, si j’en juge par votre nom. Permettez que cette injustice ne soit pas consommée sans qu’on m’accorde un procès régulier !

— Allez chercher un interprète, dit le juge.

Il était aussi fermé au français qu’un nègre du Basutoland.

— Inutile ! lui dis-je. Je puis continuer en anglais. Mais, de grâce, écoutez-moi !

Le fait de lui avoir parlé français avait-il fait naître en lui un sentiment de sympathie : En tout cas, il consentit à m’écouter. Je n’eus aucune peine à me disculper, et il suspendit la sentence qu’il avait cru prononcer sur Reilly.