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rouler dans la mer. Je sautai en bas de ma monture. Quelle ne fut pas ma surprise de voir ma compagne en selle dès que Nellie se fut relevée !

L’amazone, furieuse à son tour, commença à labourer de ses éperons les flancs de sa bête, avec une telle âpreté que je fus tenté de lui crier d’arrêter, qu’elle allait se faire tuer. D’un bond la jument traversa la route et alla s’assommer sur le rocher du côté opposé. Nellie était domptée et Cécilia, un peu énervée, me regarda d’un air triomphant. Mes yeux durent lui dire toute mon admiration. J’essayai de la féliciter, mais elle me rit au nez, tout en arrangeant un peu le désordre de sa chevelure, car ni sa bravoure ni son habileté ne lui faisaient oublier la coquetterie innée chez toute femme.

— Faites-vous de l’alpinisme ? me demanda-t-elle tout à coup.

— En amateur, comme je vous le disais hier.

— Si le cœur vous en dit, nous ferons l’ascension de la montagne demain.

— Vous n’êtes donc jamais fatiguée ?

— Et vous ? me dit-elle, en secouant sa belle chevelure.

— J’ai fait la guerre, voyez-vous !

Un voile sombre passa sur ses yeux. Elle me regarda fixement, pendant quelques secondes, puis elle reprit :

— Demain ?… Cela vous va ?