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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/186

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XXVIII


La grand’route était presque déserte. Cette absence de voitures me permit d’admirer, encore une fois, la grande nature canadienne, à nulle autre pareille. À ma droite, le grand fleuve gris, que les montagnes du Nord encadrent de leurs pics élevés ; à ma gauche, la campagne vallonneuse, où mûrissait une moisson abondante. Tout le long de la route, les maisons de ferme très propres, peinturées des couleurs les plus variées, et les granges blanchies à la chaux, formant relief sur cette luxuriante campagne, respiraient la paix et le bien-être. Les troupeaux de vaches laitières paissaient tranquillement dans de gras pâturages bordant la route. Les nichées d’enfants qui, proprement vêtus, accouraient aux portes pour voir passer les automobiles, remplissaient mon esprit de charmes et faisait gonfler mon cœur de patriotisme. Pourquoi donc traite-t-on ma race d’arriérée ? Serait-ce parce que, les lois divines étant observées, des essaims d’enfants remplissent les maisons, constituant ce qu’on a justement appelé « la revanche des berceaux » ? Pourquoi marchander à une race si prolifique sa part de soleil sous le ciel canadien ? Serait-ce que l’habitant, attaché au sol, est la forteresse contre laquelle viennent se