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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/193

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m’adressa, mais je rapporte aussi fidèlement que passible mes propres paroles en réponse à cette santé.

Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames, Messieurs,

Noblesse oblige, avez-vous dit, Monsieur Dauvergne, qui, si galamment et en un si noble langage, avez proposé de boire à la santé de mon pays d’adoption, l’Union Sud-Africaine. J’espère que je serai à la hauteur de ma tâche.

Par une délicatesse hautement appréciée, on a voulu que celui qui proposa cette santé fût de ma race, de mon sang, de ma province. Je dis, à dessein, ma province, car l’exil volontaire que je me suis imposé, pendant vingt ans, n’a altéré en moi ni le noble sang de France qui coule dans mes veines, ni la foi ancestrale, héritage légué par l’ancienne mère patrie après l’avoir implanté sur le sol d’Amérique, ni le souvenir de mon beau pays de Québec.

Vous avez voulu aussi, avec une générosité qui vous honore, que ce soit ce Canadien-Français, qui n’a jamais flanché, même aux heures les plus sombres de sa carrière, qui propose cette santé. De tout cela, je vous remercie du fond du cœur.

Vous m’avez fait l’insigne honneur de reconnaître mon origine française, en faisant proposer dans la langue de Bossuet la santé d’un autre pays, bilingue comme le vôtre, comme le nôtre plutôt, de par la loi, mais, contrairement au Canada, intégralement bilingue dans la pratique. Oui ! Pays bilingue en fait et en loi, où les deux langues sont sur un pied d’égalité en tout et partout.

Pays bilingue, où la majorité n’essaye pas d’écraser la minorité, où chacun est libre d’atteindre son plein