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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/199

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trefois. Comme l’ascension du mont Royal en auto était défendue, je hélai un cocher de fiacre, qui se tenait en sentinelle près d’une haridelle attelée à une Victoria.

– Combien pour l’ascension ?

– Vous voulez aller à l’Ascension ? Vous feriez mieux de prendre les « chars » !

– Je veux dire l’ascension de la montagne.

– Ah ! Eh bien, je vous grimperai pour deux piastres !

Pourquoi, me dis-je, en escaladant la montagne, faut-il que tous les chevaux de fiacre soient maigres ?

Je fus bientôt arraché à ces réflexions par la beauté du panorama qui commençait à se dévoiler à mes yeux, pendant que la vieille rosse, de son petit trot, gravissait la longue côte en pente douce de la montagne.

Arrivé devant le poste d’observation, je fis arrêter la voiture et je me dirigeai à pied du côté ouest, où je réfléchis longtemps sur la prédiction de Maisonneuve.

Le grain de sénevé était en effet devenu un grand arbre, mais quelle forme monstrueuse il avait prise ! Au lieu de l’émonder, pour lui conserver sa forme normale et sa force, on avait greffé sur son tronc canadien-français une variété de branches exotiques, qui le rendaient méconnaissable. Je restai longtemps à contempler cette absurdité : une ville de près d’un mil-