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d’étranger ne contribua pas peu à exciter la curiosité de la population, et mes aventures devinrent légendaires.

Nous fîmes notre voyage de noces en Australie, pays que ma femme désirait visiter depuis son enfance. Le climat, la nouveauté du pays, tout contribua à agrémenter notre lune de miel.

La disparité de culte ne tarda pas cependant à créer entre nous un fossé, qui devint plus tard un gouffre infranchissable, comme cela doit inévitablement arriver quand chaque partie se retranche dans ses positions, sans vouloir capituler. Cécilia s’était pliée d’assez bonne grâce à la promesse d’élever les enfants issus de notre mariage dans la religion catholique. Elle s’était figuré que nous n’en aurions jamais, et c’était un détail auquel elle n’avait attaché aucune importance. Je découvris, petit à petit, qu’elle avait une haine implacable contre la religion romaine. Elle tenait le pape pour une espèce d’antéchrist dont elle voyait les maléfices s’étendre à toute la terre. Elle avait absorbé, à petites doses, le poison contenu dans le livre de Chiniquy et elle avait manifesté un grand mécontentement quand son père avait condamné ce volume au feu. Elle avait deux objets de haine bien avoués : l’Anglais et le pape.

Elle commença à manifester ses sentiments hostiles aux premiers symptômes de la maternité. Cet état, où la noblesse de la femme