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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/228

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tombola. L’humilité de celui qui a voulu s’effacer sera récompensée dans le ciel. J’ai nommé M. Olivier Reillal. »

Pendant le discours de M. le curé, j’avais pris plaisir à observer ce bon M. Latour, qui pâlissait tout à coup, s’essuyait le front de son grand mouchoir de soie, puis rougissait comme une jeune fille sous les regards anxieux de Mme Latour. Quand mon nom fut prononcé, il eut un air de désappointement tragi-comique. N’était-il pas frustré de sa gloire par l’indiscrétion du curé ? Il commença à s’éventer avec son mouchoir, puis il s’affaissa, la tête entre ses mains.

Ma réponse fut brève. Je reportai sur Allie le succès de toute l’affaire. J’assurai en même temps mes anciens concitoyens de mon inaltérable attachement à la paroisse où j’avais vu le jour et où j’avais passé les plus belles années de ma vie, ajoutant que demain peut-être je serais redevenu un des leurs.

J’avais à peine prononcé le dernier mot de ma courte allocution, que mon oncle Philippe accourut vers moi et me dit tout déconfit :

— J’peux ben me faire une croix su l’bec pour la vente de ma terre, hein ? Ça t’empêchera pas de venir nous voir quand même, Olivier !

Je m’engageai à aller sans faute le lendemain lui rendre la visite promise.