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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/24

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— Ah ! dit le premier, permettez que je vous présente Madame Dufour… et Monsieur Dufour… De mes amis. Vous êtes Monsieur ?…

— Reillal… Olivier.

— C’est un nom assez rare !

— Aujourd’hui, oui ; autrefois, il y avait beaucoup de Reillal à Port-Joli. Lorsque les de Gaspé partirent, il les suivirent les uns après les autres. Il doit en rester un ou deux encore, à la campagne.

— Vous êtes de l’endroit ?

— Non. J’y suis né, mais j’ai quitté le pays, il y a vingt ans.

— Ah ! Et vous avez voyagé ? Vous êtes voyageur de commerce, je suppose ? Ça se voit un peu !

— Vous vous y connaissez en hommes !

— Je ne me trompe pas souvent !… l’habitude…

— Et le flair !…

— Justement ! J’en ai beaucoup. C’est un peu à cause de cela que j’ai acquis une fortune.

Il devenait évident que mon voisin, qui s’était introduit sous le nom de M. Latour, voulait trouver le tour de me parler de lui-même. Le dîner fini, il ouvrit son porte-cigares or et argent, artistiquement ciselé.

— Voulez-vous goûter à ce cigare ? me dit-il, en me tendant majestueusement son étui.

— Merci. Je ne fume pas le cigare.